J’ai rêvé de toi. Plusieurs fois déjà. Mais ce matin, le songe m’enveloppe dans les brumes du désir. Mes yeux dans l’aube restent muets. Ils ne veulent plus parler d’autres choses que de ces lieux aux marqueteries multicolores. Mon corps demeure encore tiède. Mes mains se dérobent savamment du réveil en se nichant contre moi, au creux de la caverne sourde de mon ventre. Les doigts de ma main gauche s’entrelacent à ceux de ma main droite dans une prière de dévotion, implorant Morphée afin que les images résistent encore un peu au froid. La supercherie s’installe. Ma conscience dupe reprend le large. Je te retrouve.
L’endroit m’est inconnu. Autour du grand bain s’élèvent de majestueuses colonnes. Une nymphe semble avoir fait glisser son doigt béni tout le long de leurs flancs dans un motif qui consigne le silence. Les colonnes obéissent et témoignent sereinement, leurs têtes étourdies par un ciel de Michel-Ange. À leurs pieds, les dalles dessinent des motifs de fleurs de vie. La géométrie sacrée a envahi ces lieux ou l’homme se baptise de sa propre vérité.
L’eau est chaude. Un lourd rideau de vapeur diaphane s’ouvre sur le spectacle de ta peau. Je ne vois pas ton visage. Pourtant, je ressens ton sourire jusque dans mes reins. Il fait chaud, mais des frissons naissent sur moi avec à leurs cimes, des gouttes d’eau pour abreuver ta soif. Tu te joues de moi. Ton dos me nargue. Ton immobilisme m’appelle. Je reste sur ma rive. Je redessine dans ma mémoire tes courbes, tes monts, tes ombres. Je résiste au chef d’œuvre que tu m’offres pour mieux pouvoir le recréer, à ma guise, à mon gré, dans les moments d’absence.
Mes pieds glissent dans le limpide en créant de grandes sphères translucides. Les ronds vibrent. Par eux, je te touche enfin. Imperceptibles pour l’œil mais éloquentes pour la chair, les vagues te frôlent, comme mes lèvres impudiques auraient souhaité le faire. Tu ne te retournes pas. Tu savoures simplement les pulsations que je dépose sur l’autel de tes hanches.
Je me laisse voluptueusement évanouir dans l’eau. Je me mélange à elle pour mieux m’infuser de toi. Son humide caresse m’inonde et s’attarde sur mes cheveux faisant naître un ballet d’apesanteur. Mon souffle s’égare dans l’âtre de quelques bulles. Au centre de chacune d’elles, se glisse un baiser vital qui me ramène malgré moi à la surface. La tête à demie submergée, mes yeux observent la mort de mes offrandes, unes à unes dissolues par la force de tes marées.
L’eau te partage dans un féroce égoïsme. Elle te veut pour elle seule. Elle ruissèle entres nous comme un mur invisible, comme une puissance sournoise. Elle me noie de ton amour sans jamais m’y laisser perdre le souffle. Je fustige. Je me réclame de toi. Je voudrais tant la vaincre par la nage. Or, tu souris encore d’une délectation visible. Je vous sais désormais complices. À vous deux vous réussissez à m’abreuver de toi tout en me laissant isolée dans l’illusion d’un oasis.
Je m’extirpe de l’eau, vaincue. Je reste quelques secondes encore trempée de votre malice. Je m’éveillerai bientôt avec sur les lèvres le goût fécond d’une pureté limpide. Le songe s’achève. Le froid me reprend dans un cycle d’éveil. J’ouvre mes yeux baignés de larmes, baignés de nous.
L’endroit m’est inconnu. Autour du grand bain s’élèvent de majestueuses colonnes. Une nymphe semble avoir fait glisser son doigt béni tout le long de leurs flancs dans un motif qui consigne le silence. Les colonnes obéissent et témoignent sereinement, leurs têtes étourdies par un ciel de Michel-Ange. À leurs pieds, les dalles dessinent des motifs de fleurs de vie. La géométrie sacrée a envahi ces lieux ou l’homme se baptise de sa propre vérité.
L’eau est chaude. Un lourd rideau de vapeur diaphane s’ouvre sur le spectacle de ta peau. Je ne vois pas ton visage. Pourtant, je ressens ton sourire jusque dans mes reins. Il fait chaud, mais des frissons naissent sur moi avec à leurs cimes, des gouttes d’eau pour abreuver ta soif. Tu te joues de moi. Ton dos me nargue. Ton immobilisme m’appelle. Je reste sur ma rive. Je redessine dans ma mémoire tes courbes, tes monts, tes ombres. Je résiste au chef d’œuvre que tu m’offres pour mieux pouvoir le recréer, à ma guise, à mon gré, dans les moments d’absence.
Mes pieds glissent dans le limpide en créant de grandes sphères translucides. Les ronds vibrent. Par eux, je te touche enfin. Imperceptibles pour l’œil mais éloquentes pour la chair, les vagues te frôlent, comme mes lèvres impudiques auraient souhaité le faire. Tu ne te retournes pas. Tu savoures simplement les pulsations que je dépose sur l’autel de tes hanches.
Je me laisse voluptueusement évanouir dans l’eau. Je me mélange à elle pour mieux m’infuser de toi. Son humide caresse m’inonde et s’attarde sur mes cheveux faisant naître un ballet d’apesanteur. Mon souffle s’égare dans l’âtre de quelques bulles. Au centre de chacune d’elles, se glisse un baiser vital qui me ramène malgré moi à la surface. La tête à demie submergée, mes yeux observent la mort de mes offrandes, unes à unes dissolues par la force de tes marées.
L’eau te partage dans un féroce égoïsme. Elle te veut pour elle seule. Elle ruissèle entres nous comme un mur invisible, comme une puissance sournoise. Elle me noie de ton amour sans jamais m’y laisser perdre le souffle. Je fustige. Je me réclame de toi. Je voudrais tant la vaincre par la nage. Or, tu souris encore d’une délectation visible. Je vous sais désormais complices. À vous deux vous réussissez à m’abreuver de toi tout en me laissant isolée dans l’illusion d’un oasis.
Je m’extirpe de l’eau, vaincue. Je reste quelques secondes encore trempée de votre malice. Je m’éveillerai bientôt avec sur les lèvres le goût fécond d’une pureté limpide. Le songe s’achève. Le froid me reprend dans un cycle d’éveil. J’ouvre mes yeux baignés de larmes, baignés de nous.